Mode Printemps/Été 2026 : une inclusivité des tailles toujours en retrait selon Vogue Business

Le 13 octobre dernier, Vogue Business publiait son nouveau rapport sur la représentation des différentes morphologies lors des défilés Printemps/Été 2026. Basée sur l’analyse de 9 038 looks issus de 198 défilés organisés à New York, Londres, Milan et Paris, l’étude révèle de légères améliorations par rapport à la saison précédente, mais une inclusivité des tailles encore très marginale.

Nous en résumons ici les principaux enseignements.
Nous avons choisi d’en faire une synthèse. 

Des chiffres qui stagnent malgré une légère progression

D’après les données compilées par Vogue Business :

  • 97,1 % des looks étaient portés par des mannequins de taille standard (US 0–4),
  • 2 % par des mannequins mid-size (US 6–12),
  • 0,9 % par des mannequins plus-size (US 14+).

Ces chiffres marquent une progression inférieure à 1 % par rapport à la saison Printemps/Été 2025, qui affichait déjà l’un des taux d’inclusivité les plus faibles depuis le lancement du rapport. La représentation plus-size reste stable, tandis que la part des mid-size a diminué de moitié. Sur les réseaux sociaux, plusieurs observateurs ont fait part de leur frustration face à ce manque de diversité sur les podiums. La consultante et créatrice de contenu Brenda Weischer a déclaré :

« Faire défiler les collections sur Vogue Runway cette saison a été déprimant, surtout à Paris. »

Londres, toujours en tête de l’inclusivité des tailles

Londres confirme sa position de capitale la plus inclusive parmi les « Big Four ».

  • La proportion de looks mid-size y est passée de 6,5 % à 6,7 %,
  • Celle des looks plus-size, de 1,6 % à 2,8 %,
  • Tandis que les looks standard ont reculé de 92,8 % à 90,5 %.

À New York, la situation est plus contrastée : les looks mid-size ont chuté de 2,8 % à 1,5 %, tandis que les looks plus-size ont doublé, passant de 0,5 % à 1 %.
Milan enregistre la plus faible représentation, avec seulement 0,2 % de looks plus-size, un chiffre en recul par rapport aux saisons précédentes.
À Paris, la diversité corporelle progresse timidement : 1,5 % de looks mid-size et 0,6 % de looks plus-size, contre respectivement 1 % et 0,1 % l’an dernier. Les marques Xuly.Bët, Ottolinger, Cecilie Bahnsen, Julie Kegels, Givenchy et Matières Fécales figurent parmi les rares à s’être distinguées par une représentation plus variée des corps.

Lors de la Fashion Week de Londres, un panel d’experts s’est réuni pour discuter du manque de diversité corporelle sous le thème : « Recalibrating fashion’s inclusivity lens: With purpose & action ».


Le mannequin et consultant James Corbin, coorganisateur de la discussion, a souligné : « Ce n’est pas un sujet de niche. Tout le monde reconnaît qu’un changement est nécessaire. Beaucoup de designers m’ont confié que cela les avait inspirés à créer des pièces sur mesure et à penser l’inclusivité comme une partie intégrante de l’ADN de leur marque. »

Les freins à l’inclusivité des tailles

Le rapport identifie plusieurs facteurs structurels et culturels freinant la progression :

  • Des contraintes techniques : les marques préparent souvent leurs défilés à la dernière minute et utilisent les mêmes prototypes pour toutes les silhouettes. Intégrer des mannequins non standard suppose de recréer des patrons adaptés, un processus plus coûteux et chronophage.
  • Le manque de formation : le « pattern grading » (ajustement des patrons pour les grandes tailles) reste rarement enseigné dans les écoles de mode.
  • Les coûts de production : les petites marques peinent à financer des gammes étendues, tandis que les grandes maisons disposent des moyens mais manquent de volonté.
  • Un contexte culturel : selon Weischer, la montée de valeurs conservatrices et de standards de beauté rigides dans le monde influence aussi les castings.

Des consommateurs toujours en demande

Malgré le manque de diversité sur les podiums, la demande des consommateurs reste forte. Une enquête menée par Vogue, Vogue Business et GQ auprès de 687 lecteurs révèle que :

  • Le manque de tailles disponibles
  • Les tailles incohérentes figurent parmi les principales raisons de non-achat.

Comme le résume une participante plus-size : « Je trouve les tailles incohérentes et les coupes mal adaptées. C’est frustrant de devoir renvoyer un vêtement, au point de me demander si je devrais même faire l’achat. »

Si le rapport Printemps/Été 2026 montre quelques progrès, la mode internationale reste dominée par un idéal de minceur quasi exclusif. Les marques les plus inclusives prouvent pourtant qu’une représentation plus large des corps n’est pas incompatible avec créativité, désirabilité et rentabilité.
Pour reprendre les mots de James Corbin : « L’inclusivité ne devrait plus être une campagne ponctuelle, mais un pilier du design. »

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