L’institut Rexecode est intervenu en introduction de la journée Welcome on Board dédiée aux opportunités à l’international des marques organisée par la FFPAPF, Promas International, la FIDH, Promincor – Lingerie Française, la FHCM, l’UFIMH, le DEFI, la FFC, le CTC, Francéclat et Business France. L’événement a bénéficié du soutien financier du DEFI.
D’après l’institut, l’environnement économique mondial reste marqué par des contrastes forts et une incertitude persistante. Malgré cela, la croissance mondiale tient encore le coup, avec une progression du PIB en volume dans 51 pays, preuve d’une résilience économique notable après une année de tensions géopolitiques, inflationnistes et commerciales sans précédent.
Des dynamiques divergentes entre les trois grands pôles économiques
Les États-Unis, la Chine et l’Europe évoluent actuellement dans des trajectoires économiques très distinctes :
- Zone euro : retour de l’inflation à 2 %, signe d’une normalisation progressive.
- États-Unis : inquiétudes de ré-inflation, alimentées par une demande toujours robuste et par une politique économique offensive.
- Chine : climat déflationniste, conséquence d’un ralentissement de la demande interne et d’une pression accrue sur les prix à l’export.
L’Europe prise en étau dans la confrontation sino-américaine
L’Union européenne se retrouve au cœur d’une intensification stratégique entre Washington et Pékin, chacun cherchant à renforcer son hégémonie économique. Les deux nations déploient des stratégies très différentes, mais tout aussi ambitieuses.
Stratégie américaine : attirer, relocaliser, sécuriser
- Attirer les investissements étrangers grâce à des crédits d’impôt massifs (Inflation Reduction Act).
- Relocalisation des industries clés, notamment les semi-conducteurs.
- Soutien à l’émergence de nouvelles industries technologiques.
- Droits de douane élevés pour encourager la production domestique.
- Utilisation de l’influence militaire comme levier de négociation économique.
Stratégie chinoise : produire, subventionner, exporter
- Investissements massifs dans le capital industriel.
- Subventions d’État pour soutenir l’industrie nationale.
- Stratégie de guerre des prix à l’export pour gagner des parts de marché.
- Volonté de monter en gamme de l’industrie, avec l’ambition du programme Made in China 2025.
- Définition de nouvelles normes industrielles pour les produits de haute technologie (China Standards 2035).
Une guerre commerciale qui dépasse les droits de douane
Le « choc tarifaire » initié par les États-Unis est désormais une réalité, mais il ne constitue qu’un outil parmi d’autres. Les deux géants utilisent aussi leurs dépendances stratégiques comme nouvelles armes économiques :
- Côté chinois :
- Mise en place d’une réglementation imposant des licences d’exportation pour tout produit civil contenant des terres rares ( éléments chimiques essentiels aux technologies modernes, comme les aimants, batteries et semi-conducteurs) d’origine chinoise (dès 0,1 % de contenu).
- Interdiction pour les usages militaires : un moyen de pression sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.
- Côté américain :
- Proposition d’exiger des licences d’exportation pour toute vente de logiciels destinés aux entreprises chinoises, y compris leurs filiales internationales.
Cette escalade a été momentanément freinée par une rencontre sino-américaine début novembre, mais le risque de nouvelles tensions demeure élevé.
Conclusion :
Malgré une croissance mondiale encore robuste, l’économie internationale évolue dans un climat de tensions géo-économiques croissantes. Les stratégies divergentes des grandes puissances, la multiplication des mesures protectionnistes et l’exploitation des dépendances stratégiques redéfinissent en profondeur les règles du commerce mondial.