4 question à Guillaume Gibault, le fondateur du Slip Français

Photo : DR

«Il fallait qu’on engage une vraie réflexion sur nos matières»

Le start-uper star qui a redonné ses lettres de noblesses aux sous-vêtements masculins a fait du Made in France son cheval de bataille. Désormais, Guillaume Gibault, 34 ans, s’attache aussi à suivre le chemin du recyclage et de l’éco-responsabilité. Rencontre avec un entrepreneur moderne et engagé.

Depuis quand vous avez-vous décidé d’être éco-responsable en plus d’être Made in France ? 

« Depuis sept ans qu’on a créé la marque, on fabrique à peu près tout (environ un millions de pièces ndlr) en France. Jusqu’à présent, on faisait du local, durable? au juste prix. Pour atteindre ce juste prix, on était bon sur le prix financier et sociétal (il travaille avec 27 usines en France ndlr), mais on était moins avancé sur l’environnemental, au delà du bon sens de ne pas faire faire 3 fois le tour de la planète à nos produits. Jusqu’à il y a dix-huit mois, on ne travaillait qu’avec du coton conventionnel. Il fallait qu’on engage une vraie réflexion sur nos matières. »

Qu’avez-vous entrepris suite à cette réflexion ? 

« On a commencé à proposer des références en coton bio, et à questionner tous nos nouveaux développements. On va sortir dans les prochaines semaines plusieurs modèles en laine recyclée grâce au projet tricolore des Filatures du Parc dans le Tarn, qui permettent de réaliser de longues fibres qui ne boulochent pas. L’été prochain, on proposera aussi toutes nos nouveautés de Maillot de bain en polyester recyclé. Surtout, on a réalisé que c’était gadget de proposer des matières qui ne seront jamais industrielles pour nous comme le chanvre ou la fibre à base d’ortie. Il faut arrêter de faire pousser du coton à l’autre bout du monde et rapatrier une partie de sa production chez nous, en essayant de passer sur du coton recyclé à partir de nos anciens vêtements. »

En proposez-vous ? 

« On devrait avoir des premiers essais prototypes d’ici la fin de l’année. Le problème majeur c’est la qualité, car le processus consiste à déchiqueter la fibre et ensuite mélanger des fibres recyclées… on a l’impression d’être défricheur car personne, ou très peu de marques, aujourd’hui ne s’embête à faire ça. On est au début de l’innovation donc on sait que ça peut être un peu raté. Mais l’idée, c’est d’embarquer le client avec nous. »

Comment comptez-vous vous y prendre ? 

« Il y a un gros travail de pédagogie à faire pour expliquer ce qu’on fait. La marque de jeans 1083 propose une idée intéressante avec son jean infini, recyclé et consigné pour 20 euros de caution, qu’on renvoie quand on en a marre ou quand il est usé. C’est un combat enthousiasmant et difficile qui donne du sens à ce qu’on fait et c’est là tout l’intérêt. Mais si nous on a la souplesse de faire bouger les lignes, ceux qui vont avoir vraiment le plus d’impact, ce sont les gros acteurs de l’industrie. Il suffit qu’un Zara annonce s’y mettre à fond pour que ça motive tout le marché. Et c’est ce qui est en train de se passer ! »

 

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