LUDOVIC ALBAN, DESIGNER ET FONDATEUR D’AISTHÆT : « NOTRE CŒUR DE MÉTIER À PARIS, C’EST L’INNOVATION ET L’ARTISANAT »

Nous avons rencontré le designer Ludovic Alban, fondateur d’Aisthæt, une jeune marque proposant une collection masculine haut de gamme de blousons et parkas en cuir. Aisthæt présentera le second volet de sa collection « néo-iconique » les 21 et 22 juin prochains aux Studios Vosges à Paris.

Ludovic Alban a grandi puis évolué professionnellement dans l’univers du luxe et des savoir-faire français. Ces expériences ont développé chez lui une fascination pour le cuir.

« Mon père était commercial dans les vins et spiritueux chez LVMH, c’est lui qui a développé en moi l’attachement au luxe français et l’envie de faire un métier créatif. J’ai fait une école de mode à Toulouse où j’ai grandi, chapeautée par la CCI locale. Mes premières expériences ont été chez Yves Saint-Laurent, à l’époque de Tom Ford puis de Stefano Pilati. Après Yves Saint-Laurent, j’ai été premier assistant de Véronique Nichanian chez Hermès : c’est là que j’ai appris les grandes règles du prêt à porter homme et du cuir. C’est une matière qui m’a fasciné. J’ai ensuite été nommé directeur artistique de Carven Homme, puis de Look et de Chevignon. Chevignon a aussi été une expérience forte dans le cuir. »

Avec Aisthaet, Ludovic Alban souhaite créer « l’excellence contemporaine » : une association intelligente de savoir-faire et d’innovation.

« Aisthaet a été commercialisée pour la première fois en janvier 2018. La vocation du label est de créer l’excellence contemporaine, d’associer le savoir-faire et non pas de le subir, de l’utiliser intelligemment et de proposer de l’innovation. Pour moi l’innovation c’est un peu tordre les codes. C’est aussi de l’innovation à tous les niveaux : matériaux ou design. »

La marque propose aujourd’hui une collection composée de 5 pièces pensées comme des « essentiels ».

« Je n’avais pas envie de me noyer dans une grande proposition, de proposer une grande diversité de looks et de vestiaires, j’avais envie de quelque chose de très “ focus ”, ce qui répond aujourd’hui aussi à la recherche qu’on a chez les marques de luxe. L’idée c’est de conserver les modèles que j’adore, et de les faire évoluer, d’en rajouter quelques-uns en fonction de mes envies.» 

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Cette démarche minimaliste s’inscrit dans l’ADN de la marque, un univers à la croisée de l’architecture, de l’art et de la mode.

« Le nom de la marque vient de cette démarche de designer d’objets. C’est l’idée de créer des objets uniques qui s’adressent à des esthètes, à des personnes qui aiment collectionner et vivre entourés de beaux objets. Je suis plutôt inspiré par tout ce qui lié à l’architecture, au mobilier, et au minimalisme. C’est la rencontre du savoir-faire et du contemporain. Ce que j’aime dans l’époque d’aujourd’hui, c’est cette idée d’enlever et de garder ce que l’on a envie de garder, et non pas de subir. Ce serait comme refiltrer le passé et garder uniquement ce que l’on souhaite : il y a une certaine liberté de choix. Et ce sont plutôt les architectes et les artistes qui ont cette démarche. »

C’est donc naturellement que la marque présentera la deuxième partie de sa collection au Studio Vosges, showroom de l’artiste contemporain Mathias Kiss. Lors de cette présentation, la marque proposera un volet plus contemporain et accessible.

« La deuxième partie de la collection sera plus contemporaine, avec toujours une recherche sur la matière et la fabrication mais également une recherche de plus d’accessibilité, pour une clientèle un peu plus jeune, qui aime davantage la mode contemporaine.»

Aisthaet travaille avec des cuirs européens et fait réaliser toutes ses pièces dans des ateliers parisiens.

« Le cuir est européen, réalisé dans des tanneries d’excellence. Cet été, je propose un cuir tanné par des espagnols qui ont une démarche innovante dans le sens où ils valorisent les cuirs avec des technologies : c’est un cuir extra fin, déperlant et indéchirable. C’est aussi ce que je recherche de travailler avec des partenaires qui ont une vraie démarche. Ensuite, tout est fabriqué à Paris. C’est un travail complètement différent du tissu car un vêtement en cuir a énormément de passages manuels. Ce n’est pas automatisé comme parfois ça peut l’être pour les vêtements, même de luxe. La main de l’homme est obligatoire. »

Pour Ludovic Alban, il est essentiel de préserver les savoir-faire, éléments historiques du rayonnement de Paris.

« Mon ambition est vraiment de conserver les savoir-faire, de parler avec des gens de la nouvelle génération qui les transmettent à leur manière et qui sont complètement agiles avec l’époque. C’est l’artisanat qui a cette agilité-là. Beaucoup de gens oublient que notre cœur de métier à Paris, c’est l’innovation et l’artisanat. C’est pour ça qu’on a rayonné pendant tant d’années.»

A partir de juillet, Aisthaet proposera le service « Made to Order », offrant une commande personnalisée pour trois des modèles de la collection néo-iconiques automne-hiver18/19.

« A partir de cet été, nous présenterons notre service MTO (Made to Order) : ce sont vraiment des pièces d’excellence qui vont être destinées plutôt à une clientèle de connaisseurs et de collectionneurs »

Dans le futur proche, la jeune marque souhaite ouvrir un e-shop et développer son réseau wholesale.

« L’e-shop est un projet majeur prévu pour début 2019. Un autre projet est de développer la présence en wholesale, je reviens du Pitti et l’idée serait d’y présenter prochainement la marque. »

Côté collection, Aisthaet ne manque pas non plus de projets : orientation sportswear, collaborations, collection femme et nouveaux matériaux.

« La collection commence à grandir et je prends une orientation autour du sportswear : c’est-à-dire le look, les innovations et les fonctions du sportswear mais réalisés en cuir et dans des ateliers d’excellence. Ce seront des trompe-l’œil, des intrigues. […] Je fais également de multiples recherches sur le cuir vegan car ce que j’aime dans ce métier, c’est l’approche maroquinier, au-delà même de la matière. Cela ne sera pas toujours forcément du cuir mais ce sera les codes du cuir. Après, j’aimerais également développer des vêtements femme et de la maroquinerie. L’idéal serait de faire la femme sur l’hiver prochain. Une autre idée serait de faire des collaborations avec des artistes et des designers qui incarnent Paris. »

En parallèle de son activité chez Aisthaet, Ludovic Alban est le co-fondateur de Paris Phoenix Studio, un studio de conception de collection et de conseil.

« J’ai créé un studio de création qui s’appelle Paris Phoenix Studio. Le point de départ est que, peu importe le positionnement prix, toutes les marques doivent être radicales.  Nous proposons de la création sur mesure pour la mode et le sport, en design de collections et en direction créative. En ce moment, nous ne travaillons qu’avec des marques françaises qui ont un fort ADN et qui souhaitent se relancer. Dernièrement, nous avons fait la collection 2019 de Roland Garros. Au sein du studio, nous avons également un lab dédié aux enjeux de la mode de demain et nous travaillons aujourd’hui plus particulièrement sur la problématique majeure qu’est le retail. ».

Vous pourrez retrouver la marque les 21 et 22 juin aux Studios Vosges puis au showroom Talent to Trend du 24 au 28 juin. Aisthaet est également vendue à la boutique Duchatel à Biarritz.

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Site internet : aisthaet.com

Instagram : @aisthaet

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