Depuis 2021, la France est touchée par la crise énergétique causée par la reprise économique puis amplifiée en 2022 par l’invasion de l’Ukraine et l’indisponibilité de plus de la moitié des réacteurs nucléaires français.
Plus largement, c’est l’Europe tout entière qui se trouve au milieu d’une tempête énergétique sans précédent. En juillet 2022, les États membres ont trouvé un accord pour réduire de 15% leur consommation de gaz. Cet objectif non contraignant pourra le devenir en cas d’alerte du Conseil. La semaine dernière, les ministres européens de l’énergie se sont également dits favorables à la prise de mesures d’urgence telles que le plafonnement et la redistribution des revenus des producteurs du nucléaire et d’énergies renouvelables. Le plafonnement des prix du gaz acheté par l’UE a été discuté sans faire consensus. D’après Bloomberg, l’Union européenne devrait par ailleurs proposer un objectif obligatoire de réduction de la consommation d’électricité : un objectif de réduction globale couplé à un objectif obligatoire de réduction de la demande pendant certaines heures de pointe.
C’est dans ce contexte que les entreprises font aujourd’hui face à l’augmentation de leurs factures et au risque de délestage.
Des bonnes pratiques pour réduire la consommation d’énergie
Un plan de sobriété énergétique a été annoncé par la Première ministre, Elisabeth Borne, et la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, le 23 juin 2022 afin de réduire de 10% la consommation d’énergie par rapport à 2019 sur les deux prochaines années. Un deuxième objectif de réduction de 40% de la consommation d’énergie a été fixé pour 2050 afin d’atteindre les objectifs climatiques de la France. Dans ce cadre, des groupes de travail ont été lancés pour mobiliser en premier lieu le secteur public et les entreprises.
Mercredi dernier, Agnès Pannier-Runacher et le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, ont réuni le groupe de travail « Industrie ».
Des mesures communes à tous les groupes de travail
Les ministres ont rappelé la nécessité d’une mobilisation collective pour éviter les mesures contraignantes. Figurent parmi les bonnes pratiques identifiées :
- Fixer le chauffage à 19°.
- S’appuyer sur des outils de mesure, de suivi et de pilotage des consommations énergétiques.
- Optimiser l’éclairage (cela peut entraîner jusqu’à 70 % de dépenses en moins).
- Favoriser la mobilité durable.
- Sensibiliser aux écogestes, notamment en matière d’usages numériques.
Les pistes du groupe de travail « Industrie »
Les pistes de sobriété énergétique propres au secteur industriel portent quant à elles sur :
- Les processus industriels
Le comité stratégique de filière « Nouveaux systèmes énergétiques » a présenté l’initiative « IDécarbone » qui réunit les porteurs de solutions capables d’organiser la sobriété des industriels. L’initiative vise à référencer des solutions de décarbonation et à mettre en relation les professionnels et les entreprises souhaitant décarboner leurs sites industriels. La 1re rencontre nationale entre les porteurs de solution et les industriels est prévue le 10 octobre 2022.
- Les chaînes logistiques
France Logistique a notamment présenté plusieurs axes de travail pour optimiser les distances parcourues, mutualiser les moyens de transport et décarboner les véhicules.
- L’organisation du travail au sein des entreprises.
Prolongement de l’aide « gaz et électricité » pour les entreprises
Parallèlement à la mise en place de ces bonnes pratiques, les entreprises fortement touchées par la hausse des prix peuvent bénéficier de l’aide « gaz et électricité » lancée par le gouvernement il y a quelques mois.
Cette aide sous forme de subventions a pour objectif de soutenir les entreprises dont les dépenses de gaz et d’électricité représentent une part élevée des charges.
Au regard des tensions actuelles sur les marchés de l’énergie, le ministère de l’Économie et des Finances a décidé de prolonger l’aide jusqu’à fin décembre 2022. Les formalités pour en bénéficier ont également été simplifiées.
Toutes les informations sur les critères d’éligibilité et les modalités du dispositif sont disponibles ici.
Bouclier tarifaire
Dans une conférence de presse ce 14 septembre, Bruno Le Maire a indiqué que les 1,5 millions d’entreprises qui ont un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions d’euros et qui ont actuellement accès aux tarifs réglementés de l’électricité avec le bouclier tarifaire à 4%, pourront continuer à bénéficier des tarifs réglementés en 2023.