Comment favoriser le passage à l’échelle du recyclage textile en Europe selon McKinsey

McKinsey a publié le 14 juin dernier un rapport proposant des pistes pour développer le recyclage « fibre à fibre » des déchets textiles en Europe. Nous vous en proposons une courte synthèse dans ce nouveau bulletin.

Le recyclage « fibre à fibre »

Plus de 15 kilos de déchets textiles par personne sont produits chaque année en Europe. Terminant le plus souvent leur vie incinérés ou dans des décharges, ils entrainent des conséquences négatives sur l’Homme et l’environnement.

S’il existe plusieurs solutions pour lutter contre le problème des déchets textiles, telles que la production à la demande ou encore l’amélioration de la durabilité, McKinsey s’intéresse dans son rapport aux bénéfices du recyclage « fibre à fibre » et aux moyens de surmonter les obstacles qu’il rencontre. Le recyclage « fibre à fibre » désigne la transformation de déchets textiles en nouvelles fibres utilisées pour créer de nouveaux vêtements ou d’autres produits textiles. Selon les auteurs, il s’agit du moyen le plus efficace pour créer de la valeur à partir des déchets textiles en développant une véritable industrie de la mode circulaire en Europe.

Les obstacles au recyclage des fibres

Lorsque l’industrie sera mature, McKinsey estime que 70% des déchets textiles pourraient être recyclés de fibre à fibre tandis que les 30% restants pourraient être recyclés en boucle ouverte. Aujourd’hui, moins de 1% des déchets textiles sont recyclés de fibre à fibre, et ce pour plusieurs raisons :

  • La collecte (faible taux de collecte et exportation hors Europe), le tri (exigences strictes en matière de composition) et le prétraitement (avec la question des points durs) limitent la quantité de déchets textiles disponibles pour le recyclage
  • L’industrie rencontre également des problématiques de coûts et de qualité

Le développement de processus avancés de tri et de prétraitement automatisés s’avère ainsi nécessaire. L’industrie doit par ailleurs accroître sa capacité à prendre en compte les mélanges de fibres, baisser ses coûts et améliorer la qualité des fibres recyclées.

En surmontant ces obstacles, McKinsey estime que le recyclage fibre à fibre pourrait représenter 26% des déchets textile en 2030.

copyright: McKinsey

Les bénéfices potentiels pour l’économie

Selon les auteurs, 6 à 7 milliards d’euros d’investissement permettraient au recyclage textile de devenir un industrie européenne autonome et rentable dès 2030 avec des bénéfices de l’ordre de 1,5 à 2,2 milliards d’euros. D’autres externalités seraient également à noter :

  • Une nouvelle matière première précieuse pour produire en Europe
  • 15 000 nouveaux emplois
  • 4 millions de tonnes d’émissions de CO2 en moins

En quantifiant les différentes catégories d’impacts, telles que les effets indirects, de l’augmentation du PIB à la création d’emplois en passant par la réduction des émissions de CO2, McKinsey estime que l’industrie représentera 3,5 à 4,5 milliards d’euros d’impact global annuel d’ici 2030.

Les 5 clés du succès

Afin d’atteindre ce scénario en 2030, les auteurs ont défini 5 clés du succès.

  • Une échelle critique : la chaîne de valeur du recyclage des textiles ne peut fonctionner à petite échelle. L’industrie doit se fixer des objectifs audacieux pour fournir suffisamment de matière première.
  • La collaboration : chefs d’entreprise, investisseurs et dirigeants d’institutions publiques devront collaborer de façon rapprochée pour surmonter les obstacles au passage à l’échelle.
  • Le financement de la transition : si l’industrie du recyclage des textiles peut devenir autonome et rentable, un financement de transition est nécessaire à court terme. Il peut s’agir par exemple de subventions (notamment via la REP) ou d’une prime verte (partagée par exemple par les marques et les consommateurs). Des partenariats publics-privés pourraient être nécessaires.
  • L’investissement : plusieurs maillons de la chaîne de valeur doivent se construire (presque) à partir de zéro, ce qui nécessitera des investissements importants, notamment de la part du privé qui pourra montrer la voie.
  • Le rôle du secteur public : les dirigeants des institutions du secteur public devront favoriser le recyclage des textiles en prenant diverses mesures telles que : l’amélioration des taux de collecte, la limitation de l’exportation de déchets textiles, la stimulation de la demande, la création d’un cadre harmonisé pour une meilleure circularité.

Pour lire le rapport, cliquez ici

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