De retour de South by Southwest : les enseignements pour le secteur des industries créatives selon we are_

we are_ est un club dédié au rayonnement des industries créatives françaises. Il s’est rendu cette année au festival SxSW (South by Southwest) d’Austin pour explorer les tendances qui marqueront le secteur. Le DEFI a eu l’opportunité d’assister à la restitution que le club a organisée le 5 avril dernier et vous en propose un compte rendu.

web 3, NFT, metavers, futur de l’espace et de la santé, l’événement a accueilli les regards croisés des experts Aurore Abecassis (Acmé), Marie Quint (Hopscotch), Thibault Viort (VC), Nicolas Diacono (BNP) et Eric Newton (we are_).

La conférence d’Amy Webb

Eric Newton a introduit la matinée en abordant l’impact de la technologie sur le secteur des ICC. Il a pour cela repris des éléments issus de la très célèbre conférence annuelle d’Amy Webb « Tech Trends Report ». 3 tendances vont ainsi façonner l’année 2022 : l’intelligence artificielle, le métavers et le web 3.0, la biologie de synthèse. Pour chacune de ces tendances, Amy Webb propose un scénario pessimiste et un scénario optimiste. Le scénario optimiste est conditionné à une certaine régulation de la part des pouvoirs publics.

L’intelligence artificielle

L’IA représente une opportunité comme un danger. Elle altère notre capacité à distinguer le vrai du faux (deep fake, fake news, etc.) et peut prendre des décisions sans nous consulter (c’est l’exemple d’un ordinateur qui a maitrisé toute une série de jeux sans qu’on ne lui en explique les règles). En 2024, l’IA pourra reconnaître ce que l’homme ressent à travers l’analyse de son rythme cardiaque ou encore de sa respiration. Les moteurs de recherche pourront orienter leurs résultats en fonction de son humeur. Pour cette tendance, Amy Webb estime la probabilité de réalisation d’un scénario « pessimiste » à 80%. Celui-ci correspondrait à un monde où règne la désinformation, où l’IA trompe et manipule les émotions, dans lequel on pourrait notamment utiliser du maquillage pour cacher son identité face aux dispositifs de reconnaissance faciale.

Le web 3.0

« Metaverse is an umbrella term ». Selon Amy Webb, le métavers est un mot générique : s’il est probable que les NFT ne soient pas une tendance long terme, le concept de web 3.0 sera lui fondamental. Décentralisé, le web 3.0 sera également plus sensoriel que le web d’aujourd’hui et permettra une interopérabilité entre les différents réseaux sociaux.

La biologie de synthèse

Parmi les tendances de la santé et notamment de la biologie de synthèse présentées par Amy Webb, on retrouve la fusion entre cellules humaines et micro-processeurs (c’est l’exemple de la réalisation de Paul Mola de Roswell Biotechnologies), la réplication de l’ADN avec une imprimante 3D, ou encore les consultations médicales qui pourraient se dérouler sur des hologrammes. L’expert cite comme dérive potentielle le hacking d’ADN pour créer des virus personnalisés (un américain sur 5 a déjà fait appel à une société pour analyser son empreinte génétique).

Futur de l’espace, vie de synthèse et web 3.0

Nicolas Diacono a présenté les tendances du commerce spatial, de la vie de synthèse et du web 3.0.

Plusieurs tendances et innovations ont retenu son attention dans le domaine de l’espace :

  • L’électromagnétisme qui permet d’assembler une station spatiale sans intervention humaine grâce aux travaux du MIT.
  • Des robots autonomes qui permettront d’assurer une maintenance sur la lune dès la fin de l’année.
  • La création d’une space academy pour former des astronautes mais également les futurs touristes ou habitants de l’espace dans 40 ans.
  • La création d‘un outil pour détruire les astéroïdes.
  • Une lutte géopolitique pour la conquête de l’espace.
  • Des startups qui minent les astéroïdes.

Pour ce qui concerne la vie de synthèse, l’expert a abordé la production de viande pour animaux à partir de bactéries nourries avec du méthane, la reprogrammation de l’ADN pour certaines maladies comme l’épilepsie, l’apparition du métier de chief senior officer avec l’allongement de l’espérance de vie, ainsi que l’immunothérapie. Une question morale se pose autour de l’eugénisme.

Enfin, l’expert aborde le web 3.0 qui représente l’infrastructure de l’internet de demain. Il devrait changer la donne de la relation client en accélérant la transition de l’économie des plateformes à celle des tokens. Selon lui, 80% des Gen Z sont des gamers et 30% d’entre eux sont prêts à dépenser 200 euros pour un objet virtuel.

Du storytelling au story sharing

Marie Quint est ensuite venue nous parler de la conférence de la créatrice de films immersifs Céline Tricard « Web 3.0 is the new economy of creation ». Selon elle, le storytelling évolue grâce à l’apparition de la blockchain : chaque maillon peut agir et devenir co-créateur du storytelling, c’est ce qu’on appelle le « story-sharing ». Pour illustrer son propos, l’experte cite le jeu Monolith de Nike x RTFKT. Pour accéder à un NFT caché, il faut d’abord résoudre des énigmes en faisant appel à sa communauté. Ce qu’il faut retenir, c’est que le NFT ne se suffit pas à lui-même et qu’il faut lui associer une certaine valeur ajoutée, notamment sociale : c’est l’exemple des Doodles dont certains NFT valent jusqu’à 500 000 euros. Les détenteurs de ces NFT accèdent à une communauté et bénéficient de privilèges. Marie Quint évoque également les POAP certifications qui sont des NFT permettant de certifier de la présence à un événement.

Les NFT pour l’expérience client

Aurore Abecassis a poursuivi les échanges en expliquant comment les NFT réinventent l’expérience en créant des communautés et de la récurrence. Un NFT peut répondre à 4 fonctions principales : la preuve de l’origine, la preuve de la présence à un événement, la preuve de la propriété, l’accès une communauté. Pour elle, c’est la communauté qui pousse à acheter un NFT. Véritable opportunité pour la relation client, les NFT seraient le « salesforce du web 3.0 ». Il est possible de les utiliser à différentes étapes de la relation client : en teasing (comme Billie Eilish qui a dévoilé une chanson en avant-première à ses fans), en accordant des avantages (programme ambassadeur, invitations exclusives, etc.) ou encore en preuve de la participation à un événement. Selon l’experte, les NFT permettent de récréer de l’individualité dans la masse du social media, d’établir une relation directe avec ses clients, et de monétiser le lien avec eux.

Une journée en 2035

Pour terminer, Thibault Viort a diffusé un court film de Faith Popcorn qui est une projection de la vie quotidienne en 2035 (à regarder à partir de 2:20).

A propos du festival South by Southwest

SxSW est le plus grand festival d’innovations au monde. Depuis 2017, la Directrice Générale du DEFI, Clarisse Reille, s’y rend afin d’en tirer les principaux enseignements pour le secteur de la mode. Pour lire son dernier rapport dédié à l’édition 2021 du Festival qui est disponible aux formats Broché et Kindle sur Amazon, cliquez ici : A la croisée des mondes – Créer, Innover, Croître.

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