Le DEFI présente l’Ecodesign Score, une méthode d’affichage pour la mode

L’ADEME et le Ministère de la Transition Ecologique ont ouvert le 29 juillet la possibilité de proposer une méthode alternative d’affichage environnemental à destination de la filière textile/habillement/cuir. Cette démarche s’inscrit dans l’expérimentation prévue à l’article 2 de la Loi « Climat et Résilience ».

Dans le cadre de cet appel d’offres, le DEFI a présenté une méthode « Ecodesign Score ». Elle est associée à un site open source, fonctionnel à partir de janvier 2022, qui permettra à chaque entreprise de générer sa note facilement.

Depuis début août, le DEFI a engagé un travail important avec toutes les fédérations de l’habillement et a confié à la société Ecoeff une mission spécifique afin de proposer une solution robuste, lisible et simple, adaptée aux PME tout en restant compatible avec les méthodes ACV tant française qu’européenne. Pour réaliser sa mission, outre les travaux internes, Ecoeff a largement consulté des entreprises, des fédérations et des institutionnels.

La présente méthode recueille le soutien du CSF, de l’ensemble des fédérations qui composent le DEFI ainsi que de la chaire UNESCO Positive Business à Nanterre.

Cette méthode « Ecodesign Score » présente de nombreux avantages. Elle assure :

  1. Une lisibilité simplifiée et robuste
    • Une comparaison pertinente entre les produits
    • Une bonne compréhension pour le consommateur
    • Une matérialité forte
  2. Une mise en œuvre facilitée
    • Une méthode simple et accessible aux PME
    • Un affichage environnemental en lien étroit avec les efforts avérés des marques pour diminuer leur impact environnemental
    • Un contrôle aisé pour les pouvoirs publics
  3. Une cohérence avec les recommandations et les travaux de référence
    • Une conformité avec les lois « AGEC » et « Climat et Résilience » ainsi que les normes ISO[1] et des certifications reconnues.
    • Une amélioration progressive des entreprises, compatible à terme avec le PEF
    • La prise en compte d’indicateurs recommandés dans la Déclaration des Nations Unies sur la mode, le Fashion Pact, et la COP26. Elle complète ainsi la méthodologie ADEME.
    • Un système évolutif qui permet d’intégrer au fil du temps les améliorations futures des méthodes ACV

I. Les lignes directrices de la méthode

A – Une méthode fondée sur un socle ACV complété par des indicateurs d’éco-conception et de traçabilité

1. Philosophie de la méthode

La méthode présentée par le DEFI est une méthode PCV « Pensée en Cycle de Vie » : elle est fondée sur un socle ACV qu’elle complète avec des indicateurs d’éco-conception et la prise en compte des efforts de traçabilité.

Elle reflète la réalité des actions effectivement engagées par les entreprises et lui confère donc une grande robustesse. Elle a été pensée pour constituer un véritable outil d’accompagnement des entreprises dans leur démarche effective de diminution de leur impact environnemental.  

Elle constitue de facto un moyen efficace d’atteindre concrètement les objectifs de politique publique en matière de mode durable ce qui n’est, aujourd’hui, pas assuré avec une méthode purement ACV[2]. Elle peut intégrer les méthodes ACV française ou européenne. Un principe important de cette méthode est de ne pas entrer en conflit avec ces développements. Il serait contreproductif, coûteux et anti-concurrentiel d’imposer aux entreprises françaises des obligations d’affichage qui devraient être totalement revues plusieurs années après

L’EcodesignScore repose sur des normes françaises et internationales structurées et pourra potentiellement être déposé comme une norme NF, puis EN voire ISO. .  Un soin particulier a été apporté pour que cette méthode respecte l’ensemble des normes, certifications existantes. Le fondement scientifique est donc sérieux, il peut permettre une internationalisation de la démarche. Il évitera également que les entreprises puissent engager des recours. 

2. Les indicateurs

L’EcodesignScore comporte 10 indicateurs, chacun affecté d’une pondération. Le socle ACV pèse pour 25% de la note totale. Ce pourcentage pourra augmenter en fonction de la prise en compte de nouveaux indicateurs par la méthode ACV.

  • Le socle ACV + Un simulateur :
    • La base ACV repose sur les deux indicateurs retenus à ce jour par l’ADEME : les émissions de CO² et l’eutrophisation. Les émissions de CO² comptent pour 20% de la note totale ce qui constitue la norme retenue pour une mesure ACV complète.
    • Un simulateur est intégré à la méthode EcodesignScore. Compte tenu de son caractère public, gratuit, garant de l’intérêt général, il a été opté à ce stade de s’appuyer sur le système Wikicarbone qui a vocation à s’élargir au-delà du CO². Cet outil en construction sera testé à l’occasion de l’expérimentation. S’il s’agit du premier outil facilement accessible pour les entreprises, PME notamment, souhaitant calculer rapidement l’impact ACV de leurs produits, il ne s’oppose pas à ce que d’autres entreprises s’appuient sur des outils plus complets et sur des ACV spécifiques, permettant de mieux décrire les particularités de leurs produits.
  • La traçabilité. Elle est le préalable d’un affichage sérieux, crédible qui corresponde à la réalité et qui permette une comparaison entre produits/marques.
  • Les indicateurs pour une mode durable recommandés par la Déclaration des Nations Unis pour la mode, la Fashion Pact ou la COP26, en cohérence avec les lois AGEC et « Climat et Résilience ». Il est à souligner que les émissions de CO² et l’eutrophisation ne constituent pas les impacts environnementaux les plus importants pour le secteur de la mode d’où la nécessité d’élargir le socle ACV. Deux séries d’indicateurs ont été retenus :
    • Des indicateurs s’appuyant sur des certifications ou des labels existants de référence. 80 labels certifiés par des organismes indépendants ont été étudiés. 54 d’entre eux ont été retenus. Ils seront accessibles par liste déroulante ce qui simplifiera le travail des entreprises. Il s’agit des indices relatifs au taux de matières recyclées, à la qualité écologique, au management environnemental et à l’innocuité
    • Des indicateurs requis par les lois mais qui nécessitent de la part des pouvoirs publics une clarification méthodologique et une précision des métriques. C’est le cas notamment pour les indices de durabilité, de circularité et de microfibres plastiques. Il nous a paru important de les intégrer d’ores et déjà dans la méthode. Ces indicateurs seront par conséquent mis à jour durant l’expérimentation, au fil de la consolidation de l’état de l’art scientifique, et effectifs pour le déploiement de l’affichage en horizon 2023-2024.

B- Une méthode gratuite et simple d’utilisation

Cette méthode s’appuie sur deux outils destinés à simplifier le travail des entreprises et donc à le rendre accessible à toutes :

  • Un outil de calcul sur le socle ACV : Wikicarbone. En effet, la réalisation d’une ACV est un exercice complexe qui nécessite généralement l’intervention de bureaux d’études spécialisés. Ce sont généralement eux qui développent ou utilisent des simulateurs qui permettent d’accélérer l’analyse, en s’appuyant sur les méthodologies de référence. L’ADEME a estimé la fourchette de coût d’une telle démarche à -150€ à20 000€- par référence, selon la taille de la collection et la simplicité du produit. Ce poids financier rend de facto le calcul d’une ACV inaccessible pour une PME, un créateur ou des produits de qualité ou complexes. Dans la perspective d’une généralisation de l’affichage environnemental, il est nécessaire qu’un simulateur simple soit librement accessible à tous afin de mettre à la portée du plus grand nombre (et notamment les PME) la méthode de référence de l’ACV. Il nous a semblé important de s’appuyer sur un outil open source et public. Cet outil doit encore évoluer, à mesure des progrès, ses résultats seront intégrés dans la méthode en faisant potentiellement augmenter la pondération retenue pour cet indicateur
  • Un site dédié sur l’ensemble de la méthode qui intègre également les résultats de Wikicarbone lesquels pourraient être mis à disposition à travers une API. Les développements informatiques viennent de s’engager. L’objectif est de disposer d’un site gratuit, public, ouvert, qui permette un calcul simple grâce à des listes déroulantes, opérationnel dès le lancement des expérimentations. 

Le volet additionnel écoconception reposera sur la collecte d’informations faciles d’accès : labels, audits, tests, descriptions, caractéristiques environnementales qui seront obligatoires au regard de la loi AGEC (% de matières recyclées, traçabilité, recyclage,…). Elle simplifie tant la collecte pour les entreprises que le contrôle par les pouvoirs publics.

Grâce à la rapidité de la collecte des données et du calcul ainsi qu’aux outils mis à disposition, la méthode « pensée cycle de vie » sera beaucoup moins coûteuse, moins lourde pour les entreprises que les méthodes ACV du PEF ou de l’ADEME. Une première estimation « grossière » par le bureau Veritas montre que le coût serait 20 fois plus faible que les méthodes actuelles.

C- L’affichage d’une note ABCDE et d’un score climat

La méthode Ecodesign Score prévoit l’affichage d’une note ABCDE et d’un score climat.

Il sera ultérieurement possible d’intégrer dans un QR code, voire d’afficher aux côtés de la note globale des indicateurs supplémentaires – biodiversité et ressources (matières/énergie/eau) – si les panels consommateurs qui seront menés en confirment la pertinence et la lisibilité.

II. L’expérimentation de la méthode

A – Les objectifs de l’expérimentation

La méthode EcodesignScore repose sur trois types d’indicateurs :

  • Des indicateurs phares que sont le socle ACV et la traçabilité
  • Des indicateurs qui reposent sur des labels, certifications, normes et audits.
  • Des indicateurs qui sont essentiels pour une mode responsable mais qui nécessitent d’être testés car les méthodologies de calcul ne sont pas encore fixées, tels que :
    • Les micro-plastiques (dont le calcul est prévu par la loi AGEC mais les seuils pas encore définis)
    • La circularité (selon la définition Cradle to Cradle)
    • La durabilité (tests mis au point par le BNITH et Refashion)

L’expérimentation permettra aux entreprises de :

  • Valider les indicateurs choisis
  • Valider les pondérations
  • Entériner et arrêter la liste des labels, certifications, normes et audits pertinents : à ce jour, une vingtaine de labels ont été pré-selectionnés parmi plus de 80 en fonction de leur robustesse et du caractère d’indépendance des organismes certificateurs
  • Valider le périmètre des labels qui recouvrent plusieurs indicateurs
  • Tester l’outil Wikicarbone
  • Tester l’expérience utilisateur offerte par le site
  • Tester la compréhension et les préférences consommateurs sur différents types d’affichage

B – Les entreprises

D’ores et déjà les entreprises suivantes ont accepté de tester la méthode (liste au 1er décembre 2021 susceptible de changer) :

  • Princesse Tam Tam
  • Comptoir des Cotonniers
  • Galeries Lafayette
  • Création & Image
  • Marithé & François Girbaud
  • Kiabi
  • Dim Hanes
  • ISKO
  • Chantelle

Des discussions sont également en cours avec les sociétés ci-après :

  • Patou
  • Hermès
  • UMOJA
  • Balzac Paris
  • BA&SH

Si la méthode d’affichage proposée par le DEFI et les Fédérations ne concerne que l’impact environnemental des produits, l’impact social reste primordial pour la filière.

Le DEFI et les Fédérations souhaiteraient l’intégrer dans second temps, notamment quand la plateforme RSE aura rendu un premier avis sur le sujet.


[1] Dont les normes ISO 14006 relative à l’éco-conception, ISO 14040/14044 sur l’ACV et ISO 14021 sur les auto-déclarations environnementales.
[2] Base de données génériques, nombre limité d’indicateurs, coût, notation des produits qui dépend des échantillons choisis.

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